26 de set. de 2008

PAZ, Octavio. Le labyrinthe de la solitude. Editions Gallimard, 1972.

Présentation de l’auteur et de ses ouvrages
Octavio Paz est né à Mexico en 1914. Il vient d'une famille d'intellectuels engagés dans la Révolution mexicaine (1910 à 1940). Il a vécu en Espagne pendant la guerre civile et a lutté contre le fascisme avec d’autres artistes. Connu, surtout, pour ses poèmes et ses essaies, Octavio Paz a publié de nombreux livres, parmi lesquels : Libertad bajo palabra (1958), Salamandra (1962), Ladera Este. Côté Est (1969). Et encore : El laberinto de la soledad (1950), Claude Levi-Strauss o el nuevo festín de Esopo (1967). Dans ses textes on trouve une préoccupation face à des problèmes humanistes et universels. Octavio Paz a obtenu, en 1990, le Prix Nobel de littérature.
Il a également suivi une carrière diplomatique, ce qui lui a permis de vivre en France où il a fréquenté des artistes surréalistes tels que Breton. Aussi, en tant qu’ambassadeur du Mexique il a vécu en Inde, en 1962, où il a écrit plusieurs livres dont Côté Est (Ladera Este). Mais, il démissionne du poste en 1968 car il récuse la répression du gouvernement mexicain contre les étudiants de Tlatelolco qui manifestaient durant les Jeux Olympiques.
Octavio Paz est décédé en 1998 à Mexico mais, il reste éternel par ses ouvrages qui traitent de sujets universels et de problématiques toujours d’actualités.

Introduction

L’essai s’ouvre sur une épigraphe qui sert d’axe pour les réflexions qui seront faites par O. Paz. Ainsi, l’auteur commence à parler de l’altérité, pour après traiter de la société mexicaine et de sa solitude. Or, l’altérité est le regard sur l’autre. C’est la reconnaissance des différences entre un individu et un autre sur le plan culturel, religieux, sexuel, racial ou ethnique. Dans un monde conçu par les idées universalistes issues de l’homme blanc, européen, on a tendance à penser que l’humanité a des valeurs et des principes uniques. Pourtant, penser à l’autre est, au contraire de cette vision européocentriste, respecter l’individu en tant que différent.
A partir de cette reconnaissance et de ce respect on n’exclu pas l’autre. Comme affirme l’auteur l’identité est liée à la réalité, mais il n’existe pas une seule réalité, ainsi comme il n’existe pas dans le monde un peuple homogène. L’autre est singulier, il a ses propres valeurs, sa propre histoire.
Dans un premier temps l’auteur traitera plus précisément du peuple mexicain, parce que selon lui, « la critique de l’autre commence par la critique de soi-même ». Donc, il propose dans son essai une profonde réflexion sur l’identité mexicaine ou « la mexicanité ». Il lance un regard critique sur la société mexicaine à partir de ses propres expériences en tant que mexicain. Le comportement de la société, son isolement ou bien sa solitude, sa perception de la vie et de la mort toutes est exprimer par ses rites, ses symboles, ses croyances. L’auteur analyse ces éléments, les rassembles, enfin il donne des pistes qui pourrait amener à la source perdue de l’identité mexicaine. Selon, O. Paz la solitude du mexicain est provoquée par le sentiment d’être différent de l’autre. D’ailleurs le titre du livre Labyrinthe de la solitude est une image poétique de ce mexicain qui se sent seule, perdu, sans issu. Il se trouve donc dans un espace qui l’isole du monde, être seule est sa condition. Cette réflexion part de la problématique : « qui sommes-nous et comment réaliserons-nous ce que nous sommes ? ». La nécessité de méditer sur soi-même (ses traditions, son histoire, le rapport avec l’autre) est considéré par l’auteur comme un processus naturel dû, surtout, à l’après Révolution Mexicaine (1910 à 1940) qui n’a pas apportée de transformations sociales. La révolution a donné la possibilité aux peuples mexicains de renouer avec le passé et leurs origines pour créer leur identité. Toutefois, il manque à la société mexicaine des idées authentiques que pourrait produire une société plus juste et égalitaire.
Dans un deuxième temps, l’auteur ne se restreint pas à sa critique au peuple mexicain d’autant plus que sa réflexion gagne une dimension universelle et un ton humaniste. Après l’échec du socialisme et son attente pour une révolution du prolétariat, le monde a vécu le mal de la deuxième guerre mondial. En effet, l’auteur affirme que l’humanité a régressé avec le nazisme et le fascisme, c’est-à-dire un retour à la « barbarie ». Après la guerre, le monde a été partagé, isolé entre deux pôles : Communisme et Capitalisme.
Enfin, la solitude dont parle l’auteur tout au long du livre est un mal non seulement mexicain, mais également de l’humanité qui a perdu son lien avec ses origines et ses finalités.

I. De la conquête à la Révolution

Le génie d’un peuple, selon O. Paz, ne se limite pas seulement à son histoire, d’autant plus que les particularités d’un peuple son de créer et de recréer par rapport aux « circonstances variables ». Ainsi, définir un peuple par son histoire est ignoré son caractère évolutif et créatif. Or, l’auteur construit une analogie entre un peuple et un individu dans ses diverses étapes de la vie. Comme l’individu à l’adolescence, un peuple passe pour une crise d’identité, il n’accepte pas simplement le fait d’exister et d’être singulier, il s’interroge sur soi-même, se contemple pour mieux se connaitre. Toute fois, l’auteur n’ignore pas l’histoire. En effet, revenir au passé paraît très important pour comprendre la société mexicaine.
Tout d’abord parce que pendant la période près-cortésienne il y avait une pluralité des cultures, de langues, des ethnies qui vivaient sur le territoire mexicain et qui a été ignoré par l’empire Aztèque et par la colonisation espagnol. Or, ces groupes ont été dominés d’abord par les Aztèques et ensuite par les espagnols qui ont imposés une seule loi, une seule langue, une seule culture. Donc, comme affirme l’auteur « si le Mexique est né au XVIe siècle, c’est en tant que fils d’une double violence impériale et unitaire : celle des Aztèques et celle des espagnols » (Page 95). Ainsi, le Mexique a été conçu par le refus des autres. D’abord, l’imposition du peuple Aztèques qui a implanté leurs croyances, leurs rites. Mais, comme l’histoire est faite de transformation, de chute et construction d’Empire (l’auteur donne l’exemple des grecques, des romains), naturellement le peuple Aztèque a été dominé à son tour par les espagnoles qui ont implanté dans le nouveau monde la religion catholique. Selon l’auteur, la colonisation a été un facteur de transformation et de création, une fois que « la religion des Indigènes, comme celle du peuple mexicain dans sa presque totalité, est un mélange des croyances antiques et nouvelles ». Ce syncrétisme a permis aux indiens dominés de continuer leur contact avec le cosmos et l’au-delà.
Après ces dominations successives, l’Independence du Mexique a été impulsée par la nécessité de suivre les transformations du monde qui s’oriente vers le rationalisme européen. Pourtant, l’Independence n’aurait pas apporté de vrais changements une fois que la rupture avec l’Espagne a été consumée par l’élite créole qui revendiquait leur participation au pouvoir du pays. Donc, malgré cette rupture la société mexicaine à continuer à s’organiser selon l’ancien système féodal qui divisait la société en castes. Les changements sociaux n’ont pas abouti avec les réformes libérales (Ley de la desamortizacion) appliqués par Juarez en 1857. Ces réformes éloignaient la société mexicaine de leurs origines d’autant plus qu’elles expropriaient de leurs terres les indigènes et ont instauré un état laïque au détriment d’une population très religieuse.
Le gouvernement installe donc un Etat qui rompt avec le passé. L’idée d’un peuple unifié est instaurée pour construire une identité nationale. Pourtant, comme critique l’auteur cela n’était pas possible d’autant plus qui cette idée d’unité est artificielle. En effet, au Mexique il existe toujours une pluralité de langues, d’ethnies. Comme explique l’auteur : « Le Mexicain et la mexicanité se définissent comme rupture et négation. Et aussi, finalement, comme recherche, comme volonté de transcender ce statut d’exilé : comme conscience vivante de la solitude, personnelle et historique. L’histoire, nos conflits, saura au moins nous montrer comment s’est réalisée la rupture, et quelles ont été nos tentatives de transcender la solitude » (Page 84). Cela expliquerait la solitude dont souffre le mexicain et leurs nécessités de la dépasser.
Enfin, l’instauration de la République, selon l’auteur, n’a apporté aucun changement social. Au contrarie, il affirme qu’elle a été une régression. Surtout, pendant le gouvernement de Porfirio Diaz, qui a augmenté la concentration de terres (les latifundios) et la domination étrangère.
Selon l’auteur plus important que l’Independence ou la réforme a été la Révolution mexicaine d’autant plus qu’elle a permis une réconciliation du peuple mexicain avec leurs origines et leurs passées. Or, la Révolution mexicaine revendiquait les intérêts du peuple : au sud, le mouvement zapatiste exigeait la réforme agraire et au nord une nouvelle Constitution. Comme résultat les terres communales ont été redistribuées par les gouvernements suivants et les travailleurs ont obtenu des protections sociales à travers de la Constitution de 1917.
L’auteur considère que le point positif de la Révolution a été de créer l’identité nationale mexicaine, une fois le lien rétabli avec son passé et ses origines. Comme montre l’auteur tout au long de son ouvrage, la société mexicaine est construite de mythes, de rites, de fêtes. Ces mythes sont divisées entre ceux qui sont considérés comme les ennemis du peuple mexicain tels que: la Malinche, indigène Aztèque qui s’est mariée au conquistador Cortès ou encore, le dictateur Porfirio Diaz. Et ceux qui sont célébrés comme les défenseurs du peuple comme La Vierge de Guadeloupe. Par ailleurs, il trouve qu’elle n’a pas apporté une nouvelle idéologie qui aurait permis à la société mexicaine de se tracer un nouveau chemin et de faire de vrais changements sociaux. Ainsi, la société continuait (et continue) a être une société très inégalitaire. Les dirigeants sont toujours issus de l’élite et l’ordre social continu à être celle importée de l’étranger : le Capitalisme. De plus, l’auteur met l’accent sur la préoccupation des gouvernements avec le développement économique en détriment du social. Selon lui, malgré les réussites de la révolution les pauvres paysans doivent continuer à lutter pour ces droits. O. Paz affirme que la société intellectuelle mexicaine devrait construire ses propres idées pour trouver un chemin propre pour le pays.

II. La psychologie du mexicain

L’auteur défini le mexicain comme un individu méfiant renfermé sur soi-même. Selon lui il construit une muraille au tour de lui, parce qu’il a peur d’être fissurer, pénétrer par l’autre (l’étranger). Cette protection est le reflet de l’époque coloniale. Or, la société mexicaine a été construite par le viol, l’humiliation, la spoliation. En effet, la mère est l’indigène violée et humiliée comme représente la légende de la Chingada ou la figure historique de Malinche. Ces deux femmes indigènes ont été exploitées par le colonisateur et après abandonnée. Le mexicain est donc un être fragmenté. Cette relation perverse entre le plus fort et le plus faible est reproduit par le machisme dans la société mexicaine que fait de la femme un être soumis sans ses propres envies. D’ailleurs, comme explique l’auteur comme l’anatomie du corps féminin avère que les femmes sont des êtres déjà fissurées par nature. Ainsi, la société se divise par la relation du pouvoir : les chingons sont ceux qui agressent l’autre et les chingados sont ceux qui sont agressés, fissurés. Cela est la relation entre les opprimés et les oppresseurs. Cette idée persiste aujourd’hui dans la société mexicaine, d’un côté il y les politiciens, les généraux, les industriels, considérés par l’auteur comme « étrangers » par rapport aux autres mexicains exclu de la société, tels que: les femmes, les paysans et les ouvriers. Mais, selon O. Paz, à l’époque coloniale, les indigènes et les noirs n’étaient pas soumis, ni passifs, face à l’oppresseur ils portés un « masque » pour dissimuler leur colère face aux colonisateurs. En dépit du reflet de cette période coloniale, le mexicain essaie d’enlever ce masque à travers la communion avec l’autre lors de diverses commémoration festives.
L’auteur affirme comme le mexicain moderne toute l’humanité souffre de la solitude que serait selon lui un isolement provoqué par l’éloignement de l’homme avec l’univers (ou cosmos). L’humanité partage donc le même mal, comme explique l’auteur lors qu’il compare l’individu mexicain et l’individu américain : « Ni les Mexicains, ni les Américains n’ont réussi cette réconciliation (entre l’homme et l’univers). Et ce qui est plus grave, je crains que nous n’ayons perdu le sens même de toute activité humaine : assurer un ordre dans laquelle coïncidente conscience et innocence, l’homme et la nature. Si la solitude du Mexicain est celle de l’eau stagnante, la solitude de l’Américain est celle du miroir. Nous avons cessé d’être des sources. » (Page 27). Donc, le mexicain et l’américain moderne souffrent de cette solitude parce qu’ils ne se renouvellent pas d’autant plus qu’ils se sont détaché de leurs sources. Selon l’auteur cette harmonie est issue du chaos, de la relation de l’individu entre la vie et la mort. Pourtant, au contraire de la culture américaine « puritaine » et « aseptique », la culture traditionnelle mexicaine proportionne une approche avec ce chaos. Or, dans les fêtes et les rites traditionnels mexicains la vie et la mort sont représentés par l’orgie sexuel, par l’abondance, par la capacité de se réinventer, d’essayer de dépasser la muraille qui les entoure. La description de la fête par l’auteur renvoie à l’image du carnavalesque tracée par Bakthin pendant son analyse sur les fêtes médiévales. En effet, l’idée de l’inversion des rôles, de recréer la société, de se moquer de soi-même est aussi présente dans les fêtes mexicaines. D’ailleurs, l’idée de transformation et de recréer paraît être primordial dans Le labyrinthe de la solitude.
Alors, le problème mexicain devient un problème universel. Selon l’auteur, l’humanité est en train de se rechercher dans ce labyrinthe. De même, qu’après l’échec du socialisme, le monde a vécu la deuxième guerre. Pour O. Paz, il n’y a pas eu de changements parce que soit les capitalistes, soit les socialistes résistent à ces transformations d’autant plus que les classes privilégiés ne veulent pas perdre leur pouvoir. Ainsi, les inégalités persistent dans le monde. Enfin, l’auteur suggère que l’humanité a « un avenir à inventer ».

Conclusion

Le mexicain ainsi que l’humanité sont passés par diverses transformations, mais après ils ont stagnés. Selon O. Paz, aucune révolution n’a fait changé vraiment la société, toujours hiérarchisée et inégale. Ce problème prend de l’ampleur quand il met l’accent sur l’inégalité entre les pays riches et la périphérie (l’Amérique latine, l’Afrique). Il défend qu’il faut que le mexicain bien que les autres latino-américains puisse penser par eux-mêmes sans reproduire les valeurs imposées par les européens ou les américains. D’ailleurs, pour lui le défi pour les mexicains et latino américains en générale est de se regarder, c’es-à-dire regarder l’autre, le voisin, puisqu’ avec l’Independence en Amérique latine ils se sont fragmentés. Et aussi, de trouver une façon de s’imposer face les Etats-Unis, se faire écouter et se faire respecter. Car, malgré la construction d’une identité mexicaine crée par leur révolution, celle-ci n’a pas tracé un chemin d’un vrai changement social. Les pauvres continuent pauvres, les classes privilégiées continuent au pouvoir et les étrangers continuent à détenir leurs richesses.
O. Paz montre l’importance de ce problème d’autant plus qu’il est un problème universel. Or, le monde et divisé entre les pays riche et les pays pauvres et sous-développés. Comme affirme l’auteur l’Amérique latine continue à être la périphérie, « l’entrée de service ». Toutes les richesses n’appartiennent pas ni au mexicain ni au latino américain en générale. Elles sont toujours exploitées par les étrangers qui viennent installer leurs industries.
Ce problème continue à être un problème très actuel, d’autant plus que le monde se divise en bloc économique. Le Mexique en tant qu’allié économique des États-Unis continue à se poser les mêmes questions de souverainetés, des inégalités sociales. Il se lie au Nord, tandis que ces voisins hispaniques essaie de créer de leur côté leur bloc économique. D’ailleurs, il paraît que l’économie reste la priorité du monde actuel.
Donc, l’humanité continue dans la solitude sans pouvoir sortir de ce labyrinthe qui l’emprisonne. L’homme n’arrivant pas à se libérer du rationnel, des préjugés, des valeurs, etc., ne peut pas « rêver avec les yeux fermés » comme le souligne l’auteur.

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